Séminaire CLLE-ERSS 26/11/2009 |
Je m'intéresserai dans cet exposé aux aspects catégoriel, sémantique et formel de la préfixation en anti-. Le premier point abordé est celui de la catégorie de anti-. On trouve en effet, parmi les séquences qui apparaissent après anti-, des noms communs au singulier ou au pluriel, des noms propres, des composés VN lexicalisés ou non, des syntagmes nominaux sans déterminant ou avec déterminant, des pronoms, des interjections, des groupes propositionnels, des adjectifs et des verbes à l'infinitif. Cette variété soulève plusieurs questions : anti- est-il un préfixe ou une préposition ? Existe-t-il une préposition anti similaire à contre ? Si c'est un préfixe, quel est le statut des radicaux syntaxiques et des radicaux au pluriel ? Je détaillerai ce petit inventaire des objets qui apparaissent après anti- et je les comparerai à ceux que l'on trouve devant différents suffixes.
Je proposerai ensuite une description de la sémantique de la préfixation en anti- basée sur deux critères : l'alternance entre les interprétations endocentriques et exocentriques et les types d'emplois, spatiaux, logiques et adversatifs. Je montrerai que ces deux critères sont indépendants et qu'il est possible d'exhiber des exemplaires pour cinq des six configurations possibles.
J'aborderai pour finir la question des dérivés dits parasynthétiques comme antiparlementaire ou antigrippal. Ces dérivés sont traditionnellement analysés comme des mots construits par parasynthèse, c'est-à-dire par une opération qui comporte simultanément une préfixation (en anti-) et une suffixation (en -aire, resp. -al). Je propose une analyse différente, formulée en termes d'emprunt de radicaux. Cette analyse s'inscrit dans le cadre d'un modèle théorique à quatre niveaux dont je présenterai les grandes lignes.