Avant de parler du statut de signifié, intéressons-nous à la nature du signifiant. Dans Sémantique Interprétative, F. Rastier proposait le morphème, principalement à cause du fait que des unités strictement minimales peuvent supporter des informations sémantiques. Il ne faut pas confondre cet état de fait avec l'attribution d'un pseudo-sème /pluriel/ au morphème-suffixe `-s' ; ces considérations grammaticales n'ont qu'un rapport indirect avec la sémantique comme nous l'entendons. Par contre, le même morphème peut supporter, sur la même idée, des notions de /multitude/ ou de /nombre/ en un sens purement sémantique.
Mais, hors de ces cas extrêmes, les informations sémantiques reposent généralement sur des composés de morphèmes. Sans pour autant tomber dans le piège du mot, impossible à définir dans une linguistique autre que de surface (par des repères graphiques, et dans certains cas prosodiques) et qui d'ailleurs n'a pas de couverture suffisante, F. Rastier reprend la notion de lexie dans <<Sémantique pour l'analyse>> [27]. Ce terme, proposé par Pottier [23], est assez flou pour couvrir la disparité constatée. Il s'agit en effet d'un groupement stable de morphèmes, répondant à quelques critères syntaxiques, mais dans notre cas les critères seront purement fonctionnels : une lexie sera tout signifiant repéré par l'interprète comme pertinent pour son analyse. Ainsi, la notion de stabilité s'efface pour des considérations plus locales.