Revenons donc plus attentivement sur ce qui se cache réellement derrière cette notion. Elle fut tout d'abord proposée par A.J. Greimas, puis reprise tous azimuts dans la communauté linguistique ; il est vrai que la simplicité de son énonciation permet d'y placer un grand nombre de notions, même de non sémantiques. C'est en fait à la récurrence que l'on peut s'attacher facilement. Pour A.J. Greimas, l'isotopie consistait principalement en la répétition du même classème (au sens particulier que nous avons évoqué plus haut). F. Rastier a donc largement étendu cette notion, puisqu'une isotopie, selon lui, peut s'exprimer par la récurrence de n'importe quel type de sème. Cette proposition donne en fait une véritable souplesse au rapport entre les ordres syntagmatique et paradigmatique. En effet, le statut des sèmes dépend de l'organisation des signifiés en classes sémantiques, donc de l'interprétation qui les repère ; et il en est de même de leur forme. Ainsi, cette notion de récurrence est une abstraction par rapport à ces considérations, et tend à unifier une interprétation en soi. Mais nous verrons plus tard que la nature des sèmes récurrents, en ce qu'elle traduit un niveau de systématicité, peut également avoir des conséquences non négligeables sur le rôle de ces isotopies.