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Exemples d'utilisation de la microsémantique

Les plus célèbres noms associés à une mise en pratique de ce paradigme sont les célèbres Katz et Fodor [11]. Auparavant, et également après eux, la notion de marqueur sémantique fut utilisée pour guider l'analyse syntaxique (par exemple pour exprimer la nécessité d'avoir un sujet animé pour certains verbes). Mais Katz et Fodor vont plus loin, car ils tentent de repérer toutes les caractéristiques sémantiques d'un mot par l'énumération de ces marqueurs. Leur plus célèbre exemple traduit leur intérêt comme centré autour du problème de la polysémie. En effet, ils utilisent les marqueurs sémantiques pour distinguer les différents sens (ou acceptions ?) de bachelor, qui couvrent des domaines divers, du diplômé à l'otarie mâle. Les marqueurs sémantiques forment donc un arbre de signification, dont la racine est le mot lui-même, et chaque branche supporte un marqueur dans le but de distinguer les différents sens (/humain/, /animal/, /mâle/, etc.) ou de décrire le n tex2html_wrap427 ud terminal d'un sens (comme /privé de femelle à la saison des amours/gif).

Comme on peut le voir à la lueur de cet exemple, il s'agit bien d'une polysémie forte qui est traitée ici (voire une homonymie). Cependant, l'intention est louable, puisqu'elle donne aux marqueurs sémantiques (du moins à certains d'entre eux) un rôle différenciateur. Le principal problème de cette méthode est que les sens qui doivent être distingués n'ont pas leurs relations validées sur des critères proprement sémantiques, puisqu'il s'agit d'une identité de forme.

Une autre mise en place d'un système de marqueurs microsémantiques est celle de Paul Guiraud et de ses sèmes [8]. La tâche est plus audacieuse, puisqu'il s'agit de la constitution d'un système de primitives pouvant couvrir toutes les significations. Cette démarche prend un caractère gênant quand l'auteur entreprend de compter les sèmes, et d'extraire une loi numérique liant le nombre de sèmes attribués à une entrée lexicale au nombre de syllabes que celle-ci contient, démontrant ainsi la loi de Zipf (les mots les plus courts sont les plus polysémiques).

Ainsi, répondant à un principe structuraliste classique, les sèmes sont bien utilisés pour distinguer différentes unités sémantiques, mais exclusivement pour résoudre les problèmes de polysémie. C'est-à-dire que les unités que l'on souhaite distinguer n'ont pas de proximité interprétative, où la prépondérance du global empêche justement le rapprochements de significations disparates dont le seul point commun est celui de la forme.

De plus, dans l'hypothèse d'une effective description par ce moyen de l'ensemble des significations des unités lexicales, leur assemblage et mise en cohésion au niveau d'un énoncé atteint des complexités opératoires exponentielles.

La sémantique interprétative, qui elle aussi met en place un système de description reposant sur des sèmes, permet avant tout de préciser le rôle de ceux-ci dans un objectif interprétatif. Elle s'ancre bien dans un paradigme différentiel, mais encore doit-elle bien construire cette notion de différence.


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Ludovic TANGUY
Fri Dec 5 17:04:33 MET 1997