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Autres aspects de la sémantique interprétative

Pour ce qui est de la théorie linguistique de la sémantique interprétative qui a guidé nos travaux, là aussi diverses questions restent sans réponse à la fin de ce travail. Nous avons déjà discuté au second chapitre des aspects que nous ne pouvions envisager de capter formellement, comme la notion de norme. Mais la théorie de F. Rastier a également connu certaines évolutions depuis le premier ouvrage. La principale avancée dans ce domaine est à nos yeux la prise en compte des différents niveaux de l'interprétation. Non seulement les différents outils conceptuels de la théorie permettent d'accéder à différents niveaux de granularité du texte, et cela reste cohérent avec la forme initiale de la théorie, mais les mécanismes qui les manipulent dépendent, eux, du niveau d'analyse.

Dans son dernier ouvrage consacré à l'explicitation de ces principes [], l'auteur envisage trois paliers de description : le niveau microsémantique, centré autour du sémème ou plutôt de la lexie ; le niveau mésosémantique, pour les paliers intermédiaires que sont la phrase ou la période, et enfin le niveau macrosémantique, qui couvre tout le texte.

Notre formalisation, si elle devait se déterminer par rapport à ce découpage, se placerait sans doute autour du niveau mésosémantique, ou peut-être macrosémantique. L'application que nous avons mise en place, puisqu'elle s'applique de façon privilégiée à des textes courts, s'intéresse en effet aux structures plus globales. La description des mécanismes sémantiques locaux sont limités par l'absence de prise en compte des relations syntaxiques, qui constituent la norme majoritaire de ces derniers, et par l'absence de systématicité dans le choix des lexies décrites. Le niveau microsémantique serait donc, au vu de ces deux lacunes principales, le site privilégié d'un retour à une certaine forme d'automatisation. Prenons tout de même une distance devenue instinctive, puisque la reconnaissance de ces trois niveaux n'est pas un découpage absolu : les considérations sémantiques s'entrecroisent entre ceux-ci, et il est hors de question de mettre en place des mécanismes locaux guidés par la seule syntaxe, puisque cette description au niveau des unités minimales doit être entièrement guidée par les considérations globales (méso- et macro-sémantiques).

Indépendamment de ce découpage en niveaux, F. Rastier propose également une classification des descriptions interprétatives en quatre types (dialectique, thématique, tactique et dialogique), dont nous avons déjà discuté au troisième chapitre. Si deux de ces modalités de descriptions sont accessibles depuis notre formalisation (thématique et tactique), les deux autres nécessitent une extension de notre appareil formel, et peut-être le retour vers un mode de description plus proche de la logiquegif. De telles considérations tendent en effet vers une organisation des sèmes (et non plus des sémèmes), en mettant en place des relations casuelles entre ceux-ci. Quoiqu'il en soit, ces modifications seraient, à notre avis, plus à considérer comme une <<sur-couche>> formaliste, se basant en grande partie sur la description sémantique <<classique>> de la sémantique interprétative, et ne remettent pas en cause les outils descriptifs mis en place.


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Ludovic TANGUY
Fri Dec 5 18:22:29 MET 1997