next up previous index
Next: Le taxème comme focalisation Up: Taxèmes : classes minimales Previous: Taxèmes : classes minimales

Justifications des taxèmes

En résumé, deux propositions s'offrent à nous : soit les taxèmes n'ont de validité que locale et contextuelle, c'est-à-dire qu'ils servent en quelque sorte de focalisation de l'interprétation sur des effets de sens estimés centraux par l'interprète, soit ils correspondent à la stabilisation d'une norme supérieure. Que cette dernière soit sociolectale ou dialectale n'est pas pertinent pour l'instant, le problème de leur identification sera résolu (ou déclaré insoluble) de la même manière.

Or, il se trouve que la sémantique interprétative propose différents exemples de taxèmes qui semblent couvrir les deux possibilités. Citons le taxème des couverts, comprenant `fourchette', `couteau' et `cuiller', donc a priori sociolectal voire dialectal, et plus loin est envisagé le cas d'un taxème local, relevant d'une norme idiolectale. L'exemple cité est tiré d'un texte de Giono, et présente en une énumération un ensemble d'aliments relevant de différentes paradigmes dialectaux. Mais en fait, n'est-ce pas le seul contenu de ce taxème qui correspond à une norme locale ? La notion de gourmandise est certes socialement stabilisée, et un ensemble de sémèmes <<typiques>> peut y être aisément associé. La nature <<en langue>> du taxème correspond bien à une norme globale, pouvant être transgressée localement par le rapprochement de notions disparates.

Il semble donc y avoir une opposition langue / discours incontournable. Nous devons cependant trancher, et appeler la réalisabilité à notre secours. S'en remettre à des normes indéfinissables précisément est hasardeux, alors que justifier toute identification par un objectif local n'engagera que la compétence de l'interprète.

Cependant, l'identification et/ou la formation de classes contextuelles ne peut s'opérer simplement dans tous les cas. Imaginons l'exploration d'un texte hermétique à l'interprète, ne repérant lors d'une première lecture aucun effet classificateur autre que relevant d'une généralité stérile (animé, concret, etc.) L'échappatoire est donc de replacer chaque sémème dans un taxème sans tenir compte de son rôle dans le texte étudié (bien que cela soit impossible de façon absolue), puis d'explorer plutôt le rôle joué par le sémème au sein du taxème : les relations découvertes peuvent donner des indices vers l'unité du texte.

Mais on peut préciser que le taxème est une <<classe de sémèmes minimale en langue>> (p. 276). De quelle notion de minimalité est-il ici question ? Nous avons laissé présager que d'autres types de classes seront mis en place par la suite, mais que seul le taxème était nécessaire. La minimalité concerne donc a priori la non inclusion de toute autre classe dans un taxème, y compris un autre taxème. Rendre effective cette notion de minimalité suppose donc la connaissance du découpage des signifiés en classes. De plus, il faut le préciser d'avantage : c'est une classe <<en langue>>, ce qui rejette la possibilité de concevoir des taxèmes purement contextuels, alors que c'est principalement grâce à eux que l'on peut espérer retrouver les phénomènes sémantiques intéressants d'un texte.


next up previous index
Next: Le taxème comme focalisation Up: Taxèmes : classes minimales Previous: Taxèmes : classes minimales

Ludovic TANGUY
Fri Dec 5 17:04:33 MET 1997