Comme nous pouvions nous y attendre, après la transformation d'une isotopie spécifique en isotopie générique, il nous reste à envisager la transformation inverse. Nous nous intéresserons donc au désassemblage d'une classe sémantique, avant tout d'un taxème. Et pourquoi ? Toujours pour des raisons de cohérence de la structure face à une autre structure ou à des contraintes normatives, mais aussi, comme pour igen, pour pousser encore un peu plus loin l'étendue d'une analyse.
Le principe de ce nouvel opérateur sera donc de conserver la proximité sémantique des sémèmes d'un même taxème par le biais d'une isotopie spécifique, en translatant les sémèmes vers de nouveaux taxèmes. Au sein de ce nouveau taxème, le sème auparavant générique pour le sémème translaté deviendra donc spécifique, ce qui peut nécessiter l'identification d'un autre sémème pour supporter l'opposition (spécème). Nous l'avons déjà avoué, notre conception formelle du taxème, et surtout son utilisation dans une approche uni-textuelle est assez souple : c'est en effet une classe purement contextuelle. Dans l'océan de la langue, nos sémèmes rassemblés pour un texte dans une même classe ont a priori très peu de chance de cohabiter dans une classe définie par une norme générale.
Fort de ces constatations, accordons-nous maintenant sur le fait que ispec ne sera pas exactement l'opérateur dual de igen, puisque l'ouverture thématique effectuée par une spécification sera bien plus importante. En effet, nous devrons donc, à partir d'un sème spécifique, demander à l'interprète de retrouver une classe la plus resserrée possible autour de ce sémème.
Ainsi, ispec ne peut véritablement s'envisager comme un opérateur global, puisqu'il ne serait en fait qu'une suite de traitements locaux, ces traitements étant des translations de sémèmes vers des taxèmes a priori nouveaux. Le rapport initial entre ces sémèmes, qui était leur présence dans une même isotopie contextuellement définie s'effaçant progressivement.