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Conclusion et perspectives sur PASTEL

Loin de vouloir présenter PASTEL comme un outil universel, nous préférons insister sur quelques aspects de la méthode proposée. PASTEL est avant tout une utilisation directe du formalisme que nous avons présenté dans les deux précédents chapitres. Bien que ce logiciel reprenne fidèlement les principes qui composent cette formalisation, il ne propose guère plus qu'une possibilité de sa mise en place. Le tout reprend bien cette vision de l'interaction entre l'homme et la machine que nous avons explicitée dans notre introduction : toute la <<créativité>> et l'initiative de l'analyse d'un texte relève de l'humain, et la machine ne remplace en fait qu'un support classique du type papier-crayon. Ou plutôt papier-formulaire, formulaire dont les cases sont les moteurs de vérification de contraintes qui constituent la véritable part informatique de notre outil. Il ne pouvait pas en être autrement, au vu de notre revendications initiales de reconnaître le sens comme en dehors de la machine. Que fait alors PASTEL ? Il prend en charge le côté calculatoire de l'interprétation.

Analyser un texte avec PASTEL est donc une sorte de jeu aux règles complexes, dont le but n'est pas clairement défini ; il n'est actuellement pas possible de déclarer une analyse terminée, sinon par abandon du protagoniste. Mais en réalité le problème n'est pas celui d'une interprétation terminée mais achevée. La différence est celle du régime de la satisfaction de l'utilisateur : il trouve sa pleine justification au sentiment d'avoir compris quelque chose, d'être parvenu à exprimer plus profondément ses intuitions initiales, ce qui prend sa forme opérationnelle dans la mise en place des jeux isotopiques.

Pour en justifier l'utilité, le plus simple est de reprendre la devise oulipienne, qui exprime que la création émerge de la contrainte. Vouloir en effet exprimer le grand nombre de trivialités repérables dans un texte, quel que soit le niveau de l'analyse, et en suivant les déviations plus ou moins bien fléchées du protocole entre bien dans ce cadre.

Plus concrètement toutefois, c'est sur le principe structuraliste de l'opposition entre signifiés proches (appartenant à une même classe) que repose l'aide à la créativité. Il est sans doute plus naturel de rapprocher que d'éloigner, d'où la plus grande facilité ressentie durant la phase de pré-interprétation, par rapport à l'activation des graphes d'opposition. Marc Cavazza se posait pour une de ses applications la question de la caractérisation d'un <<bon taxème>> : Nous proposons, comme ébauche de réponse, la possibilité d'activer le graphe d'opposition correspondant à ce taxème. Ce qui entraîne bien entendu comme critère la cardinalité faible du dit taxème, mais surtout la véritable proximité sémantique des signifiés qui le composent.

Un aspect intéressant de l'étape d'activation du graphe d'opposition à l'aide de PASTEL est la présence de la liste des sèmes déjà repérés lorsque l'utilisateur doit qualifier une opposition. Cette facilité est sans doute plus qu'une simple commodité : à notre avis elle va sauver en partie l'extension des isotopies spécifiques. De façon quelque peu parodique, c'est une sorte de principe d'<<économie cognitive>> qui est exploité : si l'utilisateur peut qualifier une opposition, même de façon approximative, en sélectionnant simplement sur un élément de la liste, plutôt que de préciser ex-nihilo un nouveau sème, que fera-t-il ? Il modifiera en quelque sorte son analyse, de façon satisfaisante, pour se plier aux contraintes de la machine et du protocole. En poussant à outrance ce principe, la structure finale comportera très peu d'isotopies, et les isotopies spécifiques seront très riches. Encore mieux, cela permet de développer l'analyse en deux étapes. De telles macro-isotopies spécifiques, une fois rendues génériques par igen nécessiteront à coup sûr l'identification de nouvelles oppositions, puisqu'elles translateront un grand nombre de sémèmes, avec appauvrissement de nombreux taxèmes, etc. L'utilisateur devra donc, d'une manière bien plus souple que pour l'activation d'un graphe d'opposition respectable, approfondir la pensée qu'il n'avait qu'en partie exprimée par économie. Et ce d'autant plus facilement que les oppositions seront nouvelles qualifier, et d'autant plus faciles que certains des sémèmes sur lesquelles elles s'articulent seront non-lexicalisés, donc proposés par l'interprète lui-même.

Une dernière discussion sur ces isotopies spécifiques <<généricisables>>, serait de les associer à la notion proposée par F. Rastier de dimension. Cette classe transversale de grande généralité que nous n'avions pas intégrée dans notre formalisme réapparaît sans doute ici. Nous n'y trouvons peut-être pas les oppositions binaires qui les articulent, mais sans doute leur universalité thématique. Il est clair qu'alors les rendre génériques serait une erreur. Mais il serait peut-être intéressant d'envisager les dimensions comme une autre forme de pré-isotopie, sans qu'elle donne lieu à des classes définitoire.


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Ludovic TANGUY
Fri Dec 5 18:02:55 MET 1997