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Principes de notre approche

Nous prenons en quelque sorte le relais de l'avancée théorique linguistique. Notre premier travail sera de préciser le rôle de la machine dans la prise en considération de ces principes généraux. Nous nous rapprocherons ainsi du paradigme récent de la coopération homme-machine anthropocentrée, que l'on peut voir comme une alternative opératoire au vu des échecs des automatisations complètes issues du cognitivisme dogmatique. Il s'agira, parallèlement de cerner la zone d'immodélisabilité des activités humaines, et de la respecter. L'ordinateur, en abandonnant son autonomie illusoire, devient alors un assistant, doté de qualités qu'il faudra aussi reconnaître : sa capacité de calcul, qui ne doit pas prépondérer, sa faculté de représentation et sa possibilité de gérer certains ordres logiques, et de veiller sur certains aspects de sa cohérence.

Dans un second temps, nous devrons analyser plus en détail les aspects conceptuels de la théorie linguistique, en traçant, ici aussi, des limites entre le formalisable et l'inaccessible pour la machine. Nous nous permettrons dans certains cas de prendre parti, et de modifier en toute conscience certains aspects, mais respectant la cohérence de l'ensemble de la vision interprétative.

Il sera alors temps de réfléchir aux modalités de cette fameuse coopération homme / machine dans cette situation précise d'un utilisateur interprétant un texte. Le rôle principal de la machine sera alors celui d'une motivation à la rationalisation. Sans réfuter une traduction par trop formelle des concepts linguistiques dégagés, nous les revendiquerons comme garants d'une cohérence globale de l'interprétation. Cherchant à obtenir une identité formelle des unités sémantiques, le logiciel que nous proposerons permettra ainsi un << dialogue >> avec l'interprète, il l'aidera dans la construction d'une nouvelle forme de discursivité mise au profit de l'analyse. L'interprète se verra sollicité tout au long de son acte d'attribution de sens.

Nous proposons ainsi un prototype d'interface homme / machine destiné à une assistance au cours d'une analyse de texte. Nous l'avons baptisé PASTEL (approximativement pour Programme d'Aide à l'Analyse de TExtes, même Littéraires).

Par moments fastidieuse, par d'autres sources de suggestions, cette nouvelle relation entre l'homme et la machine possède deux aspects techniques intéressants.

Le premier est l'absence d'utilisation de données linguistiques générales : la seule connaissance de la langue mise en place dans l'utilisation du logiciel proviendra de l'utilisateur. Celui-ci pourra donc en toute liberté utiliser les descripteurs sémantiques (également exprimés en langage << naturel >>) pour traduire son interprétation, et ne sera pas contraint par des formes figées de la langue, ni limité dans son application à un domaine sémantique particulier. D'un autre côté, il pourra effectivement << dire n'importe quoi >>, mais le second point l'en dissuadera.

Effectivement, en contrepartie de cette souplesse d'expression, le logiciel mettra en place une structure de données, s'appuyant aveuglément sur les données descriptives que l'utilisateur lui communique, pour organiser formellement le résultat de l'interprétation. Un ensemble de contraintes formelles à ce sujet seront autant de requêtes d'éclaircissement qu'il transmettra à l'utilisateur. Ce qui mettra à rude épreuve une vision fantaisiste d'un texte, qu'il faudra justifier plus loin que la simple énonciation de thèmes généraux. En quelque sorte, la vision première de l'utilisateur / interprète sera explorée plus profondément peut-être qu'il ne l'aurait fait seul, et peut mener à des découvertes d'un nouvel aspect sémantique du texte analysé.


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Ludovic TANGUY
Fri Dec 5 18:19:11 MET 1997