C'est bien ici le problème le plus délicat, puisque nous avons déjà vu qu'il y a au moins deux manières de considérer la SE-identité des sémèmes.
Intéressons-nous pour l'instant à la SE-identité forte. Si
et
sont fortement SE-identiques, ils possèdent les mêmes
sèmes, et ces sèmes ont pour eux les mêmes types. Par exemple, ils
possèdent obligatoirement le même sème microgénérique, et le même sème
mésogénérique si celui-ci existe. Ce sont donc, d'ores et déjà, deux
sémèmes d'un même taxème. Donc, dans le graphe d'opposition de ce
taxème, il existe un spécème activé, soit
, soit
, soit les deux. Considérons que ce soit
, et
qu'il lui soit attribué le sème se. Ce sème se est donc spécifique
pour
. Il doit également être spécifique pour
(hypothèse de
travail). Donc, il doit exister un spécème
dans
.
ne peut être identique à
(principe
d'opposition), donc nous avons déjà la contrainte que le taxème de
doit contenir au moins trois éléments. Il apparaît donc que le
cas où la S-identité forte n'est pas établie entre
et
est
celui d'un cycle formé par les spécèmes de l'isotopie spécifique
étudiée. Par exemple, au sein du taxème des //cours d'eau//, les
sémèmes 'ruisseau', 'rivière', 'fleuve', peuvent s'articuler de façon
minimale comme indiqué par la figure
.
Dans ce cas, les deux sémèmes 'ruisseau' et 'rivière supportent le même sème spécifique /petit/ : leurs sémantèmes sont identiques, même si les contraintes précisées pour les isotopies spécifiques sont respectées dans ce taxème. En fait, la véritable identité sémantique d'un sémème, centrée sur ses sèmes spécifiques, prend en compte non seulement le sème, mais aussi le sémème auquel ce sème sert à opposer le premier. C'est cette idée d'identité structurelle qui nous a conduit à préciser les contraintes (en fait à les limiter). Ainsi, considérer la simple collection de sèmes spécifiques attribués à un sémème, sans considérer la seconde projection des spécèmes correspondants, ne permet par la distinction de deux sémèmes d'un même taxème.
Cette vision d'un sémème comme ensemble de sèmes, même typés, n'est en fait qu'une projection de la structure sémantique complète à des fins calculatoires et/ou typologiques comme nous le verrons par la suite. La véritable forme de l'identité sémantique serait donc la suivante :
La fonction id permet donc de résumer toutes les considérations sémiques précisément typées attribuées à un sémème, avec les spécifications suivantes :