Nous allons ici nous contenter d'un simple schéma afin de regrouper les différents types de sèmes que nous avons répertoriés. L'exemple traduit une interprétation reconnue du titre du roman de Stendhal, <<Le rouge et le noir>>, comme métaphore colorée des aspirations carriéristes du héros. La description nécessite donc deux taxèmes, //couleur// et //carrière//, contenant chacun deux sémèmes, entre lesquels se mettent en place des relations de spécificité, généricité, inhérence et afférence (voir figure , inspirée de [24] p. 54, pour laquelle le signe | représente la relation d'incompatibilité entre sèmes, et = celle d'identité).
Figure: Exemple des différents types de sèmes
Le problème se pose en fait quand on cherche à attribuer un statut spécifique ou générique aux sèmes afférents. Dans l'exemple précédent, /carrière/ est générique afférent pour 'rouge', alors que /armée/ est spécifique afférent. Faut-il en conclure que le statut des sèmes afférents dépend directement du statut que possède ce sème dans ses occurrences inhérentes ? Sans doute, mais alors, y a-t-il seulement une justification pratique de ces statuts rapportés ? Dans le cas cité, /carrière/ apparaît effectivement dans les deux sémèmes du taxème des couleurs, mais si l'on étend aisément ce dernier, en y rajoutant les sémèmes 'jaune' et 'violet', il est peu probable que l'on repère une afférence carriériste sur ces deux notions. Donc, le sème afférent ne joue guère de rôle générique stricto sensu dans ce taxème, puisqu'il n'a pas de couverture suffisante pour cela. Cette constatation, ajoutée au fait que la notion d'afférence ne permet pas toujours d'expliciter clairement son origine, nous conduira dans notre formalisation à différencier simplement les sèmes spécifiques et génériques (inhérents par défaut), des sèmes afférents.
De plus, puisque nous avons vu que la forme du sème afférent était en fait, du moins dans le cas des afférences de forte stabilité, celle de la lexie du sémème-source, nous pourrons dans ces cas précis nous passer de l'expression directe de la relation d'afférence elle-même. Exprimer la métaphore carriériste du titre de Stendhal peut se faire par la simple expression des trois sèmes afférents, sans avoir à exprimer directement le taxème qui les possède comme inhérents.
Enfin, nous rappellerons ici une autre origine des sèmes afférents, de teneur purement locale. Les cas concernés sont entre autres les énumérations ou les coordinations syntaxiques. Si nous reprenons le taxème des gourmandises cité précédemment, il est utilisé dans le cadre d'une énumération : <<...du café, du chocolat, du sucre, du poivre en grains, du sel fin, de la confiture, un sac de cassonnade, cinq morues sèches, de l'estoquefiche>>. La notion de gourmandise couvre à un niveau dialectal une sous-partie seulement des sémèmes énumérés. Cependant, l'unité syntaxique qu'est l'énumération semble induire une unité sémantique traduisible par des sèmes communs (ce que nous ne pourrons bientôt plus nous priver de nommer une isotopie), d'où la solution pratique d'attribuer le sème /gourmandise/ à `morue', avec le statut de sème afférent. L'interprétant de cette afférence est donc syntaxique, et la relation va du taxème repéré via l'énumération vers un sémème de cette même énumération. C'est donc une afférence relevant de ce que nous pouvons appeler une norme locale, ou textuelle. L'expression formelle de la relation est donc la suivante : d'un taxème vers un sémème. L'expression du sème afférent est donc le sème microgénérique initial, et non un sémème. Ainsi, la multiplicité des formes initiales des sèmes afférents nous conduira à ne pas rechercher une trop grande systématicité dans l'expression des relations d'afférence.